Peugeot 404 Cabriolet Injection 1967

Il y’a quelques temps, Retromotiv s’est vu prêté par un couple d’amis, Yves et Carole, les clés d’une Peugeot 404 Cabriolet Injection de 1967 pour quelques jours. L’occasion était trop belle pour ne pas vous présenter ce bel exemplaire, typique de la production transalpine de la marque de Sochaux.

Yves et Carole
Carole et Yves, devant Victoria Station à Londres

L’histoire débute il y’a presque 30 ans… en 1988. Yves et Carole sont de jeunes amoureux à qui la vie sourit. Après leur rencontre en 1985, ils se découvrent une passion commune pour les belles carrosseries. Yves est déjà propriétaire d’une 304 cabriolet. A l’occasion d’un footing dans le bois de Vincennes, en passant devant le château où se rassemblent déjà tous les dimanches les fans de voitures anciennes, ils tombent en arrêt devant un superbe cabriolet 404. C’est le coup de foudre. Il s’agit d’un modèle 1967, l’un des derniers à avoir été assemblé sur les lignes de production de Sochaux. Il est blanc et possède les rares et désirables compteurs Jaeger. Le propriétaire est là, la discussion s’engage. Yves et Carole se montrent immédiatement intéressés mais la belle n’est pas à vendre et, une fois les coordonnées échangées, chacun rentre chez soi, au pas de course pour les uns, en cabriolet pour l’autre. Qu’à cela ne tienne, fortement impressionnés par cette rencontre, ils décident de se mettre en quête d’une 404 cabriolet. Après un an de recherches infructueuses dans les petites annonces de la presse spécialisée, ainsi qu’une adhésion au club 404 qui n’était alors réservé qu’aux seuls coupés et cabriolets, le couple commence à désespérer de trouver cette perle rare. Quand soudain, en 1989, un coup de téléphone leur redonne espoir. Le propriétaire du cabriolet blanc, croisé devant le château de Vincennes un an plus tôt, est finalement vendeur. L’affaire est conclue. Rapidement, ils prennent possession de ce bel exemplaire de 404 cabriolet injection. C’est un millésime 1967 en très bon état. Il arbore les feux de route dans la calandre, typique des derniers modèles.

 

Les coupés et cabriolets 404 se distinguent des berlines en de nombreux points. Les éléments de carrosserie sont quasiment tous différents. Assemblés à Turin dans les ateliers des Stabilimenti Pininfarina qui recevaient les soubassements et le caisson moteur, les véhicules étaient ensuite rapatriés à Sochaux afin de recevoir les éléments mécaniques.

 

Responsable du design intérieur et extérieur, le carrossier italien a su distiller une aura de charme et un soupçon de prestige. Et c’est tout à fait le but recherché par la direction de Peugeot.

La 404, une voiture conçue dans l’urgence.

Revenons quelques années en arrière, en 1955. Alors que la production automobile française commence à relever la tête, Peugeot propose la 403, sa première berline à carrosserie ponton. Exit les larges ailes typiques des modèles d’avant-guerre. En collaboration avec Pininfarina, les designers de la marque au lion proposent un dessin relativement novateur, ainsi que les prémices de ce qu’on appellera « la sécurité passive » et une motorisation fiable. Elle est présentée le 20 avril 1955 au Palais de Chaillot et son avenir semble prometteur… Jusqu’au 6 octobre 1955, lors du salon de l’auto de Paris au Grand Palais où … Citroën présente la DS. Clairement, la nouvelle venue du Quai de Javel est nettement plus avancée. La DS fait figure d’ovni dans le paysage automobile français et crée tout autant la surprise qu’un réel engouement. La 403 paraît d’un coup surannée et Peugeot doit vite rebondir, il en va de sa survie. Dès le mois d’octobre, les dirigeants de Sochaux lancent le projet 404. Satisfaits de leur première collaboration, ils font de nouveau appel aux Etablissements Pininfarina pour concevoir ce nouveau projet avec, dans le cahier des charges, une clause d’urgence. Le carrossier ressort des cartons une étude qu’il a déjà proposée à Fiat (1800 et 2100) et BMC (Austin Cambridge).

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Austin Cambridge
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Austin Cambridge
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Fiat 2100
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Peugeot 404

Les solutions techniques de la 403, déjà issues en grande partie de la 203, sont conservées : bloc fonte avec culasse en Alpax, pont à vis à couronne de bronze, suspension arrière à ressorts hélicoïdaux, essieu arrière rigide et commande de boîte au volant… Rien de bien nouveau donc, l’idée est de rajeunir l’image de la berline Peugeot face à la concurrentielle DS. Par chance, cette dernière connaît quelques déboires de jeunesse et, bien que plébiscitée par certaines classes de la société, peine à séduire la clientèle traditionnelle. C’est une aubaine pour Peugeot qui parvient à maintenir les ventes de la 403 avant l’arrivée en 1960 de la 404. Ces deux dernières resteront ensembles au catalogue jusqu’en 1966, année de fin de production de la 403. Dès le début 1962, Peugeot propose un cabriolet sur la base de la 404, puis un coupé en fin d’année. La 404, sous toutes ses formes, ne cessera d’évoluer au fil des ans. Elle se voit équipée, dès 1963, d’un moteur essence à injection indirecte, prenant cette fois de court l’ensemble de la production hexagonale. Une belle revanche sur Citroën.

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Equipé d’une pompe à clapets Kugelfischer, ce moteur ne souffre d’aucun manque de fiabilité et propose une puissance confortable pour propulser, entre autres, les 1080 kg du cabriolet.

Une 404 à Paris.

C’est donc ce modèle qui a fait le bonheur d’Yves et Carole durant presque 30 ans. Entretenue régulièrement, elle ne leur pas causé de gros soucis. Pourtant, ils en ont fait des bornes à son volant. Tout d’abord comme voiture quotidienne, dans la circulation parisienne, où la 404 s’est avérée très plaisante et parfaitement adaptée. Carole garde une pensée émue lorsqu’elle se remémore son cher et tendre la raccompagnant à son appartement du quartier Bastille, clôturant ainsi un week-end partagé. Elle le voyait repartir dans la nuit, tel un chevalier sur son blanc destrier, les petits phares du cabriolet rougeoyants dans la brume des soirs d’hiver. Grâce à cette 404, ils pouvaient rouler tous les jours à Paris et s’évader en Province dès que le travail leur permettait un peu de répit. Avec quelques amis partageant la même vision de l’automobile, ils ont créé le Club des Amateurs de Belles Carrosseries, chacun organisant à tour de rôle un rallye touristique. En 1994, ils se sont mariés, la 404 leur servant de carrosse. A plusieurs occasions, ils traversent la Manche et se promènent sur la côte Sud de l’Angleterre. En 1998, ils participent au célèbre rassemblement d’anciennes de Bromley Pageant. Sur place, la Peugeot fait tourner les têtes et décroche un prix ! C’est une voiture très rare chez nos amis britanniques. Les 404 produites en conduite à droite viennent principalement d’Afrique du Sud. Quelques rares exemplaires ont été expédiés ensuite vers la Grande-Bretagne. Quant à l’idée d’acquérir une 404 cabriolet en France, les taxes de l’époque sur les véhicules importés rendaient son tarif prohibitif, identique à celui d’une Jaguar mkX, comme l’explique l’auteur de l’essai paru dans le magazine Anglais « Motor », le 4 décembre 1965.

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Carole nous confie : « Cela fait déjà 28 ans que ce cabriolet partage notre vie, pour notre plus grand  plaisir ! Il n’est d’ailleurs plus le seul, car d’autres voitures de collection « Youngtimers » ont suivi au fil des ans, et elles aussi requièrent du temps et de l’entretien, mais il demeurera le tout premier dans notre coeur, celui qui nous a connus jeunes et insouciants ! ». Soigneux, ils offrirent à leur belle une peinture neuve il y’a quelques années et, plus récemment, une capote neuve.

Balade sur les falaises, du Havre à Etretat.

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Nous prenons place à bord du cabriolet, en fin de journée, pour une petite balade sur les falaises normandes, capote fermée car il souffle une brise légère. Un quart de tour de clé et le moteur démarre sans hésiter. La Peugeot 404 est une voiture spacieuse. L’absence de console centrale, grâce au levier de vitesse au volant, offre un gain de place considérable. L’assise est confortable. Toutefois, elle reste une voiture de loisir, parfaite pour les petits trajets, un peu moins adaptée aux grands road trip. A haute vitesse l’habitacle devient très sonore. Les suspensions, typiques des modèles Peugeot de l’époque, sont plutôt raides en comparaison avec ceux d’une DS. Bien que n’étant pas un foudre de guerre, le petit 1600 se montre volontaire. Après un certain temps d’adaptation, le passage des vitesses au volant sait se montrer doux et ergonomique. Le modèle présenté est équipé de compteurs Jaeger dont l’incrustation sur la planche de bord se révèle très homogène et augmente le raffinement de cet habitacle cosy. Le freinage, assuré par 4 tambours et assisté par mastervac (disponible à partir d’octobre 1964), est suffisant pour stopper les 1080 kg de l’auto. La sensation du pied sur la pédale est surprenante, très ferme.

 

 

Arrivés au pied du phare d’Antifer, trônant majestueusement sur la falaise, nous marquons un arrêt pour prendre quelques clichés de la Belle, stationnée dans un champs parsemé de ballots de paille. Nous décapotons, à la faveur d’un rayon de soleil. Entièrement manuel, le maniement de la capote demande quelques minutes : Une fois la lunette dézipée, elle se glisse derrière les places arrières. Puis, nous retirons les loquets retenant la capote sur le haut du pare-brise. La toile et son armature se basculent aisément.

 

C’est alors que se dévoile la deuxième facette de cette auto. Le côté décapotable invite à la balade tranquille, cheveux au vent, pour ceux qui aiment ce sentiment de liberté à ciel ouvert.

La suite de notre périple nous ramène au Havre, sur les quais du port où les puissants phares jaunes se reflètent sur les grands hangars, nous plongeant dans une ambiance digne des meilleurs films d’Audiard. « On ne devrait jamais quitter Le Havre … ».

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Fiche Technique.

Moteur :
Type de moteur : XC KF2, 4 cylindres en ligne, bloc en fonte et culasse en Alpax
Energie : Essence
Disposition : Longitudinal avant, incliné à 45°C
Alimentation : Injection indirecte mécanique multipoint par pompe Kugelfischer
Distribution : Arbre à came latéral entrainé par chaine, soupapes en tête
Soupapes : 2 par cylindre
Alésage et Course : 83,8mm x 72,9mm
Cylindrée : 1618cm3
Taux de compression : 8,8:1
Puissance : 88ch à 5700tr/mn
Couple : 14,1 daN.m à 2800 tr/mn

Transmission :
Type : Propulsion
Boite de vitesse : manuelle à 4 vitesses synchronisées

Chassis :
Direction : crémaillère
Suspension Avant : Roues indépendantes, pseudo-McPherson (triangles inférieurs), Ressorts hélicoïdaux, Barre antiroulis
Suspension Arrière : Essieu rigide ; Pont non suspendu ; Bras tirés ; Ressorts hélicoïdaux ; Barre Panhard
Freins : 4 tambours, freinage assisté par Mastervac

Dimensions :
Longueur : 449 cm
Largeur : 168 cm
Hauteur : 135 cm décapotée / 143 cm avec capote
Empattement : 265 cm
Poids : 1080 kg

Performances :
Poids / Puissance : 12,3 kg/cv
Vitesse max. : 167 km/h
0 à 100 km/h : 14 sec

Conso (données constructeur) : 9,5 litres/100

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