En ce début d’année 2016, le Salon Rétromobile, pèlerinage de tous les mordus de voitures de collection, ouvre ses portes le mercredi 3 février, au sein du Parc des Expositions situé aux abords de la Capitale. Comme chaque année, nous sommes impatients de nous rendre à cet événement incontournable. Nous prenons la route le vendredi suivant, appareil photo en main, pour découvrir la 41ème édition de ce Salon.

Dès que nous franchissons le seuil, le ton est donné. Les exposants sont venus en nombre : des constructeurs prestigieux, des vendeurs de pièces en tout genre, des artistes de tout style, des clubs affiliés à une marque ou encore des collectionneurs passionnés. Au sein du grand hall, l’agencement des stands donne l’impression d’un petit village à thèmes. Il y en a pour tous les goûts.

Stand de l’Aventure Peugeot, Peugeot 403

Arrêtons-nous sur quelques morceaux de choix.

On se fraye un passage entre les visiteurs venus en masse afin de se délecter du moindre recoin aménagé par les exposants.

Bugatti a sorti le grand jeu et présente deux superbes modèles : sa Bugatti Veyron 16,4 et son concept Vision Gran Turismo (annonçant la future Chiron).

Jaguar Heritage nous fait la surprise d’exposer une XJS-C au milieu de ses légendes. La Jaguar XJ-S est un modèle que notre équipe affectionne particulièrement. Durant le salon, cette voiture trouvera acquéreur pour la somme de 39 000€.

A quelques pas de là, la célèbre firme de Zuffenhausen a choisi l’événement pour remettre les trophées de la seconde édition du « Concours de Restauration Classic ». En outre, Porsche expose une autre youngtimer en pleine ascension dans le cœur des passionnés : la Porsche 944 Turbo. Jusqu’alors mal aimée, cette petite sportive trône désormais fièrement au milieu de ses concurrentes à moteur arrière telles que la majestueuse Porsche 718 W-RS Spyder ou encore la 356 B 1600 S.

En tant que propriétaires d’une Porsche à moteur avant, nous sommes agréablement surpris de voir que ce modèle trouve sa place sur le stand officiel du constructeur.

Les Youngtimers sont à l’honneur cette année et on sent bien l’importance que prennent les véhicules de cette époque. Chaque marque affiche son patrimoine et on peut croiser quelques grands noms du milieu automobile tels que Henri Pescarolo, Yvan Mahé de l’ Equipe Europe et les frères Marreau dont la Renault 20 du Paris-Dakar est exposée sur le stand de la marque au losange.

Le National Motor Museum of Beaulieu, habitué du salon depuis de nombreuses années, présente deux monstres de record. Invités à nous rendre sur le parking, nous assistons à la mise en route de ces vétérans. Le vrombissement du moteur est aussi infernal qu’impressionnant et la foule se bouscule pour voir démarrer en trombe la Darracq 200 HP et la Fiat S76 fraîchement restaurée, mieux connue sous le nom de « The Beast of Turin », appellation qu’elle n’a pas volée tant elle est bestiale.

De retour dans la grande salle d’exposition, place à la fantaisie. Nous marquons un arrêt devant d’étranges véhicules aux roues positionnées en losange qui semblent tout droit sortis d’un film de science-fiction. Ils sont appelés « Rhomboïdes » : l’Alamagny, la Pininfarina X, l’Automodule, la City et l’Ellipsis (de la plus ancienne à la plus récente).

Nous poursuivons notre voyage dans le temps à travers les allées, nous téléportant des années 30 à des temps plus modernes.

Les marques et les modèles défilent sous nos yeux. Un vrai régal !

Un autre plateau expose de magnifiques Bentley, dont une Speed Six dans une configuration Le Mans. Ce modèle, cher à Woolf Barnato, nous avait inspiré un article rédigé l’an passé.

Nous faisons un petit passage au stand du magazine Retro Passion. Vous pouvez retrouver, dans le numéro actuellement en kiosque (n°250,) notre article sur la MGA coupé 1600. L’ambiance est cordiale et c’est un plaisir de pouvoir échanger avec d’autres passionnés et blogueurs.

J’ai une idée en tête… Je presse un peu Fred afin que nous nous rendions à l’étage. J’attends ce moment avec impatience depuis notre arrivée : la découverte de la collection de Julia de Baldanza.

Avant d’arriver dans la grande salle où se tient sa collection, nous traversons un grand couloir dans lequel sont exposés quelques modèles du musée de l’Automobile Club de l’Ouest.

Nous voilà enfin devant le Stand de Julia de Baldanza.

Aussi à l’aise derrière un piano qu’au volant d’une voiture, Julia est pilote à ses heures. A partir de 2002, elle participe à de nombreux événements prestigieux tels que le Goodwood Revival, Le Grand Prix Historique de Monaco, Le Mans Classic ou encore d’autres courses à travers l’Europe. Cette amoureuse de la vitesse a participé au Shell Ferrari Historic Challenge en 2007 et 2008 au volant de sa Maserati A6GCM, se positionnant régulièrement sur le podium dans sa catégorie. En 2012, elle court le Grand Prix de Monaco Historique avec sa Bugatti T35B. En 2014, elle est de retour au volant de sa Maserati sur le circuit du Grand Prix Oldtimer, en Allemagne ainsi qu’au Goodwood Revival.

Pour la plupart, ses voitures ont appartenu à des femmes pilotes telles que : la Frazer Nash Le Mans Coupé 2000 de Kitty Maurice, la McLaren monoplace de Patsy Burt et l’unique exemplaire de la Bugatti type 40 « Lidia » construite par Jean Bugatti pour sa sœur.

Quelle collection ! Je reste admirative. On peut aussi contempler une Alta 1,5GP-1500cc, une Aston Martin Headlam Coupé-1500cc, une Bugatti 35B-2300cc, une McLaren M3A-4900cc, une Maserati A6GCM-2000cc, une Voisin C14 Chartre-2600cc, un des 200 modèles existants de la Volkswagen-XL1 et enfin une Wolseley Doctor’s Coupé retro-1100cc.

Il est tellement difficile d’être considérée en tant que femme passionnée dans ce milieu chargé de testostérone que je vois sa présence au Salon comme un beau pied de nez à la gente masculine ; d’autant plus que cette collectionneuse hors pair ne se contente pas de conduire ses précieuses autos. Elle connaît parfaitement leur histoire et n’hésite pas non plus à se salir les mains aux côtés de ses mécaniciens pour entretenir ces vieilles mécaniques. Peut-être cela aidera-t-il à faire évoluer les mœurs… La femme allongée sur un capot en guise de friandise c’est bien… mais au volant d’une belle ancienne ou les mains dans un moteur c’est possible aussi !

D’autres modèles emblématiques sont exposés à l’étage :

Notre visite se poursuit par une halte dans la grande salle où se déroule la vente aux enchères Artcurial Motorcars, l’une des plus importantes du monde dans le milieu de l’automobile de collection. Sous le marteau de Maître Hervé Poulain, Président d’honneur d’Artcurial, des collectionneurs s’arrachent des modèles prestigieux. On y trouve une Ferrari 250 GT SWB Berlinetta de 1963, la Ferrari Testarossa Spider de 1986 (unique modèle carrossé par Ferrari).

Grand moment de la vente, la Ferrari 335 Sport Scaglietti de la collection privée de Pierre Bardinon fait son entrée. Les chiffres défilent dans le micro de Matthieu Lamoure, Directeur général d’Artcurial Motorcars, pour finalement atteindre la somme de 28 000 000€.

On entend souvent dire que ce salon n’est plus ce qu’il était, que l’argent et le business ont remplacé les collectionneurs de voitures plus « populaires »… De mon côté, je constate que beaucoup de salons régionaux offrent de vastes bourses d’échanges de pièces et une grande place aux clubs de collectionneurs locaux. Aussi, lorsque je me rends à Retromobile, c’est pour voir ces modèles de prestige, ces exposants d’art et ces ventes aux enchères. Tout cela fait partie de la Grande Messe de Retromobile. Et à ceux qui pensent que là où il y a de l’argent il n’y a pas de passion, on ne peut que concéder que les spéculateurs sont dans la place. Mais j’aimerais leur prouver qu’entre une balade en 504 coupé sur une belle route de campagne et une course à bord d’une Ferrari 250 GTO sur les routes des 1000 Miglia, les moyens sont effectivement différents, mais la passion reste la même.