Pour certains, elle ressemble à un poisson, pour d’autres elle incarne le roadster de luxe à l’anglaise, décalé… Une chose est sûre, la Daimler SP 250 Dart restera comme la dernière réalisation de Daimler avant son rachat par Jaguar. Retour sur une histoire mouvementée.
Bien que l’on doive l’invention théorique du moteur 4 temps à Alphonse Beau de Rochas et sa première mise en application à Etienne Lenoir, c’est bien l’Allemand Gottlieb Daimler qui en assurera le perfectionnement. En 1887, il dépose le brevet de son moteur à combustion interne à grande vitesse qui marque une étape importante dans le développement des automobiles. En 1890, Gottlieb Daimler devient fabriquant de moteurs et fonde la marque Daimler Motoren Gesellschaft, dont les droits d’exploitation commerciale pour l’Europe continentale sont cédés à Emil Jellinek (fondateur de la marque Mercedes) qui créera plus tard la fameuse Daimler-Benz AG après sa fusion avec la société de Karl Benz en 1926.
L’exclusivité de la vente des moteurs Daimler en Grande-Bretagne est vendue à Frederick Richard Simms et Harry Lawson en 1896 qui fondent Daimler Motor Company. Bien que fournisseur des véhicules de la Couronne Royale dès 1902, la marque connaît des difficultés financières et est revendue à BSA en 1910, fabriquant d’armes, de motos et d’automobiles.
Dès lors, Daimler, devenue la branche automobile de la firme BSA, proposera tout au long de son existence des modèles dont la réputation de qualité perdurera mais elle ne rapportera jamais beaucoup d’argent. La fin des années 40 marque son déclin, les têtes couronnées commencent à lui préférer Rolls-Royce. Face à la crise de l’après-guerre, Daimler s’entête à fabriquer une grande diversité de voitures chères à l’image lourde et sur de courtes périodes de production. Parallèlement, Jaguar tire son épingle du jeu en offrant des voitures de moins bonne qualité mais plus en phase avec les attentes des consommateurs.
En 1956, Edward Turner prend la tête de la branche automobile de BSA et y inscrira le dernier chapitre de son Histoire. Aussitôt en poste, il entreprend la mise au point de 2 moteurs V8 : un petit 2,5l et un gros 4,5l. Il réduit la gamme Daimler à 2 voitures : une berline cossue équipée du 4,5l et un roadster léger qui accueillera le petit V8 de 2,5l. C’est ainsi qu’en 1959 sort la Daimler Dart, rebaptisée SP 250 suite à la demande formulée par Dodge qui possédait déjà un modèle nommé Dart.
Daimler espère vendre 4500 exemplaires de la SP 250 sur 3 ans, dont les 2/3 aux USA. Pour alléger les coûts de production, la carrosserie est en fibre de verre sur un châssis tubulaire qui se révèle bien trop flexible. Il arrive même que les portières s’ouvrent pendant les virages tellement le châssis se tord. Il n’en faut pas plus pour entacher une réputation dans le monde cruel de l’automobile.
Les pare chocs sont en option. Pour la première fois depuis longtemps, Daimler laisse de côté sa boîte de vitesse semi automatique et opte pour la boîte manuelle issue de la Triumph TR3A.
Le petit V8 de 2,5l, supercarré à soupapes en tête, délivre une puissance de 140ch avec de belles montées en régime. La boîte est à 4 rapports synchronisés sur les 2ème, 3ème et 4ème comme cela se faisait beaucoup sur les boîtes manuelles de l’époque. Une transmission automatique est proposée en option. Le freinage est assuré par 4 freins à disque et étriers Girling, ce qui représente malgré tout une innovation en 1959. L’intérieur est soigné et plutôt luxueux pour un roadster de l’époque.
Malheureusement, les chiffres de vente ne sont pas à la hauteur et BSA cède sa branche Daimler à Jaguar en 1960. Immédiatement, les ingénieurs de la firme de Coventry s’attellent à rigidifier le châssis. Ils proposent aussi certaines options en série comme la colonne de direction réglable. Puis dès 1963, ils ajoutent un allume cigare et un vide poche.
Quelques SP 250 furent utilisées par les forces de Police notamment à Londres pour intercepter les Café Racers.
Les ventes ne décolleront jamais vraiment et la production des Dart est arrêtée en 1964, après seulement 2654 SP 250 vendues en 5 ans. De plus, le tout puissant PDG de Jaguar, William Lyons, ne trouve pas de créneau pour ce roadster qui vient concurrencer sa type E. Il continuera à utiliser la marque Daimler comme variante de ses propres modèles à la finition luxueuse et raffinée. Ses successeurs feront de même. Le moteur V8 de 2,5l quant à lui, sera utilisé dans la Daimler V8, version alternative de la berline Jaguar mk2, jusqu’en 1969.