Retromotiv en visite chez Paul’s Classic Cars

Quiconque a, un jour, voulu acheter une anglaise de collection, est forcément tombé sur une annonce de Paul’s Classic Cars. Invariablement, les autos y sont présentées sur le parvis du magasin, surplombées par l’enseigne à grandes lettres blanches, se détachant sur le fond noir de la devanture.

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Sollicités pour donner un avis technique relatif à l’achat d’une MGB (et oui, Retromotiv est un blog, mais c’est aussi un garage où sont entretenues, réparées ou révisées nos voitures et celles d’autres passionnés), Julie et moi avons été emmenés à Gouville sur Mer, au siège de Paul’s Classic Cars. Sur place, nous sommes accueillis chaleureusement par Paul, en personne. A l’intérieur du showroom, des modèles plus ou moins prestigieux attendent de futurs propriétaires, garés en épi sur un parquet verni. Devant nous, une Spitfire mk2 de 1966, une Austin-Healey 3000 mk2 (qu’on avait pu admirer sur le stand de Paul à Retromobile), une TR3 de 1959, une Rosengart et plein de MGB, de toutes teintes et de tous millésimes. Au fond, une Corvette C1 et une Jaguar XK140 FHC surveillent leurs congénères.

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En présence de Paul, on se sent vite en confiance. Il présente ses modèles en connaisseur, conscient de leurs points forts mais aussi de leurs points faibles. Il ne cherche jamais à cacher quoique ce soit. Les annonces figurant sur son site internet détaillent chaque voiture grâce à des photos précises. Un acheteur potentiel ne risque pas de mauvaise surprise. Les visites au showroom se faisant sur rendez-vous, Paul ne s’occupe que d’un acheteur à la fois. Si ce dernier a besoin de 4 heures pour faire son choix, il aura 4 heures.

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On peut être surpris par son jeune âge mais qu’on ne s’y trompe pas : il sait de quoi il parle. Il nous confie qu’il côtoie des voitures de collection depuis toujours : « J’ai grandi dans les Anglaises, mon père est passionné par les anciennes. Depuis tout petit, il me traîne dans les ventes et foires en Angleterre. » Lorsque ce père passionné revend son Austin-Healey 3000 mk2 en 1997, le jeune Paul, alors âgé de 7 ans, ne peut refréner une larme.

Pas étonnant qu’à 18 ans, il importe sa première voiture. Il part faire une école de commerce puis, à peine son diplôme en poche, il devient auto-entrepreneur et fonde sa société en 2011. A l’époque, il n’a que 4 voitures en vente. Très vite, le succès est au rendez-vous et sa compagne, Anaïs, le rejoint. Avec 150 véhicules importés, révisés et vendus par an, il a même dû embaucher Kevin, jeune mécanicien, pour l’assister. Une affaire qui roule.

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D’ailleurs, Paul roule en ancienne. Parmi les nombreuses autos qu’il importe, certaines ne sont pas à vendre. « J’ai une Spitfire mk3 qui est la première voiture que j’ai achetée. J’ai plusieurs Jaguar XJS, une Spitfire MK4, très performante, qui est préparée pour la piste, une Daimler coupé dont la ligne est à tomber. Rêve de gosse, j’ai aussi une Mercedes 500 SEC construite l’année de ma naissance, ainsi qu’une Mercedes 560 SEL. » nous dit Paul. Anaïs confesse avoir appris à aimer les anciennes au contact de son compagnon. Elle conduit désormais la Spitfire mk3 et envisage l’achat d’une MGB. Son rôle au sein de l’entreprise est polyvalent : « Je m’occupe des papiers, je prépare les voitures lors de leurs arrivées et leurs départs, je fais les annonces, les dédouanements, les documents pour la FFVE, les cartes grises, les factures, les passages au contrôle technique… de quoi m’occuper.» Paul, quant à lui, craque pour les Austin-Healey : « Elles ont un son magnifique. Leur conduite est sportive et agréable. »

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Toujours en quête de la MGB, nous avons pu voir les différents hangars où sont entreposées les voitures, principalement anglaises ainsi que quelques allemandes et américaines. Face à une superbe Jaguar XJS, véhicule personnel de Paul, nous ne pouvons nous empêcher de recueillir son avis sur l’évolution du marché.

« Les coupés et cabriolets des années 80 représentent, à mon sens, un bon investissement. Je pense notamment aux Jaguar XJS, Mercedes SL R107 …

Dès qu’un modèle devient inabordable, ce sont les séries suivantes qui grimpent en cote.

Prenons l’exemple des Jaguar, les dernières séries de type E étaient moins cotées que les premières, la 2+2 boudée, (on m’en proposait une belle il y’a 3 ans pour 25 000€, aujourd’hui une belle Jaguar Type E 2+2 c’est 70 000€). Les modèles à suivre, ce sont les Jaguar XJC et XJS.

Même constat pour les Mercedes : la 190 SL cote désormais plus de 100 000€, la 230 SL a doublé en 5 ans (il faut compter 60 000€), les modèles à suivre sont les séries R107.

Tout le monde ne peut pas mettre 50 000€ dans une voiture, celles que je viens de citer sont encore abordables. ». 

Etant nous-mêmes propriétaires d’une Jaguar XJ-S et d’une Porsche 944, nous ne pouvons qu’acquiescer sur l’engouement provoqué par ces voitures décriées il y a encore peu de temps.

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Face à une belle Daimler V8 délicieusement patinée, nous apprenons qu’elle n’est plus à vendre. Quelqu’un s’en est porté acquéreur et a pris un lot d’une dizaine de voitures d’un coup. Curieux, nous lui demandons alors quelques anecdotes, des histoires cocasses sur des acheteurs particuliers qu’il aurait pu rencontré : « Il y a 5 ans, un Anglais, qui vendait sa maison en France, m’a appelé pour que je regarde ses 13 voitures, modèles rares, pas faciles à vendre : Austin A90, Hillman Minx, Morris Oxford, MG Magnette ZA, MG Magnette 4, Daimler 250 V8, Morris Minor… J’ai pris le risque, je les ai toutes achetées, et toutes revendues à un collectionneur qui est devenu mon plus gros client et aussi un copain. Il y a 3 ans, on a vendu une Austin-Healey à un Monsieur de 80 ans, il rêvait de cette voiture depuis 50 ans. Il y a 6 mois, le Monsieur qui a acheté l’Austin-Healey de mon père est passé au garage « Bonjour Paul, je ne viens pas t’acheter une voiture, je viens t’en montrer une, mais elle n’est pas à vendre » j’ai revu et conduit cette voiture 20 ans après, plein de souvenirs ont resurgit dans mon esprit… aujourd’hui Dany, son propriétaire, est membre du club Austin-Healey. Fin 2016, un client est venu au garage, il avait repéré une Marcos 3000 qu’on vendait, il nous a acheté 30 voitures pour ouvrir un musée. Il y a deux ans André Dessoude est passé à l’inauguration du garage de Gouville sur Mer, il m’a expliqué qu’on était complémentaires, qu’on savait les importer et les vendre et qu’eux savaient les restaurer. 2 mois après, j’avais importé une Austin-Healey 3000, une Jaguar Type E cabriolet et une Type E coupé. Après 2000 heures de main d’oeuvre, la Type E cabriolet est plus neuve que neuve ! On cherche le prochain projet… Des histoires de ce genre, j’en ai encore plein d’autres … ».

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En refermant la porte de cet immense hangar qui apparaît à nos yeux comme un gros coffre rempli de jouets, Paul me confie les clés d’une Mercedes classe S des années 60 alors qu’il ramène une Big Healey au showroom, en compagnie de Julie.

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Quand on lui demande comment il envisage l’avenir de Paul’s Classic Car, l’intéressé reste pragmatique : « Je pense que là, on est pas mal. On vient d’ouvrir un atelier mécanique, puis on a le nouveau bâtiment de Geffosses qui nous permet de stocker plus de voitures. Peut-être une vitrine en Région Parisienne … ».

Nous leur souhaitons une bonne continuation.

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